Besogne nocturne
Il est adapté à la vie aquatique. Sa queue lui sert de gouvernail. Ses petits yeux ronds se recouvrent d'une fine pellicule transparente.
Ses narines, ses oreilles se ferment sous l'eau. Nageur merveilleux, son plongeon toujours tout en souplesse s'accompagne parfois, s'il est surpris,
d'un fracassant claquement de queue sur l'eau. Il réapparaît, cinq minutes plus tard, à plusieurs centaines de mètres.
Lent, maladroit sur le sol... il collecte des branchages, les consomme en un lieu appelé réfectoire. A son départ, il laisse des menus branchettes taillées
en biseau comme des crayons, reliefs de son repas épars au sol. Il s'épouille, passe beaucoup de temps à lisser sa fourrure.
Au mois de juillet, les jours sont longs, les castors sortent avant la nuit... Moment idéal pour le photographier ! Mais attention, à la moindre odeur
suspecte le castor s'immerge, se réfugie dans son terrier.
21h, un sillon fend l'onde au loin... lui ? La vague s'estompe puis s'évanouit. Un héron bihoreau chasse, pousse des cris rauques, lugubres...des chauves-souris
virevoltent au-dessus de l'eau, la lune apparaît entre les peupliers, éclairant le rivage. Clapotis... bref ébrouement... il est sur la berge ! une branche de saule
entre les dents, commence son repas. J'entends ses incisives qui cisaillent le bois, la branche disparaît dans sa gueule à une vitesse impressionnante.
Pendant la nuit, ce castor adulte consommera toutes les branches basses d'un jeune saule. Toutes les deux heures environ, il viendra couper, manger,
se gratter, lisser sa fourrure.
Le jour se lève, il ne réapparaîtra plus, moi je vais me coucher, fatigué par cette longue veille riche en observations.